AI SUMMIT 2025 : les 10 éléments que nous retenons !

1. L’illusion de la concurrence dans l’IA

À première vue, l’écosystème de l’IA semble florissant avec une multitude de startups émergentes. Mais selon Max Von Thuin (Open Market Institute), cette diversité est un leurre :

« Malgré l’effervescence actuelle, toutes les applications d’IA restent dépendantes de quelques grandes entreprises. Nvidia détient 90 % du marché des puces, les modèles sont dominés par quelques acteurs comme OpenAI et Anthropic, et les canaux de distribution sont verrouillés par les Big Techs. »

La concentration des ressources – data, financement, infrastructures – limite la véritable compétition. Une vigilance accrue est donc nécessaire pour éviter que l'AI reste un oligopole comme l'a été le Web 2.0.

2. Open source : un mirage ?

Si l’open source est souvent perçu comme un levier de démocratisation de l’IA, Amba Kak (AI Now Institute) met en garde :

« L’open source est un modèle attractif en apparence, mais il masque les infrastructures sous-jacentes payantes : cloud, compute, data… en réalité, le pouvoir reste concentré. »

L’ouverture du code ne suffit donc pas à garantir un écosystème équilibré si les ressources essentielles restent entre les mains de quelques acteurs.

3. Souveraineté européenne : une nécessité, mais un défi

Le ministre allemand des Affaires économiques, Bernhard Klutting, a souligné que l’Europe doit se positionner en tant que leader mondial de l’IA, mais cela nécessite des ressources et une coordination accrue.

« L’Europe doit investir dans ses propres infrastructures et talents, plutôt que de dépendre des géants américains et chinois. Nous devons allier compétition et collaboration pour construire un marché européen compétitif. »

Une approche qui rejoint l’appel à une “French Small Business Act” pour favoriser les startups locales via des commandes publiques.

4. La bataille des talents en IA : un enjeu stratégique

Le recrutement et la rétention des experts en IA sont devenus des défis majeurs. Benoît Cœuré (Autorité de la Concurrence) alerte sur une fuite des cerveaux vers les États-Unis, où les offres sont plus attractives :

« Il ne suffit pas de former des talents, encore faut-il leur offrir des perspectives de carrière compétitives en Europe. »

Un défi qui pousse certaines entreprises à proposer des rémunérations plus élevées et des conditions de travail attractives pour rivaliser avec les Big Techs.

5. La montée en puissance des fonds privés en IA

L’investissement public est crucial, mais insuffisant pour financer la course à l’IA. En 2024, les investissements en deeptech et IA ont reculé de 40 % en raison de l’instabilité économique. Pourtant, comme le souligne France Invest, la France dispose d’un écosystème robuste avec 450 fonds actifs.

« Il est temps d’aller au-delà du battage médiatique et d’investir intelligemment dans les infrastructures et les talents. »

L’heure est à une meilleure allocation des capitaux pour maximiser l’impact de chaque euro investi.

6. L’IA et l’efficacité opérationnelle dans le secteur financier

Lors du panel “AI Transforming Financial Services”, Jeff McMillan (Morgan Stanley) a mis en avant le rôle clé de l’IA dans l’optimisation des opérations bancaires :

« L’IA permet d’accélérer l’analyse des données et d’améliorer la prise de décision, mais elle doit être intégrée de manière cohérente dans les processus existants. »

Une transition qui passe par la formation des employés et une adaptation aux nouveaux outils technologiques.

7. Un accès à la data = un bien trop précieux

L’IA repose sur la donnée, mais qui y a réellement accès ? Solange Vegas (OVHcloud) rappelle que 70 % du marché du cloud est détenu par trois entreprises américaines, créant une dépendance inquiétante :

« L’accès aux ressources IA – data, compute, cloud – est un levier de compétitivité. L’Europe doit garantir un accès équitable à ces ressources pour assurer une concurrence saine. »

Le stockage et la souveraineté des données restent des sujets majeurs pour garantir une IA éthique et compétitive.

8. La régulation : entre nécessité et frein à l’innovation

L’IA Act européen avance lentement face aux dynamiques agressives des États-Unis et de la Chine. Benoît Cœuré insiste sur la nécessité d’un équilibre :

« Réguler l’IA est crucial pour protéger les droits fondamentaux, mais un excès de bureaucratie peut freiner l’innovation et désavantager l’Europe face à ses concurrents. »

Une régulation trop stricte pourrait ainsi limiter la capacité des startups européennes à émerger sur le marché global.

9. IA et emploi : complément ou menace ?

L’automatisation portée par l’IA suscite des inquiétudes sur l’emploi. Aymeric Augustin (Qonto) tempère :

« L’IA ne remplace pas les emplois, elle transforme les rôles. L’enjeu est d’accompagner cette transition par la formation et la montée en compétences. »

L’adoption de l’IA dans les entreprises implique donc un effort important en formation pour éviter une fracture numérique.

10. L’Europe a une carte à jouer sur l’IA durable

Enfin, un point majeur évoqué lors du Summit AI : la soutenabilité de l’IA. Contrairement aux idées reçues, la France bénéficie d’un avantage compétitif unique :

« Si la France attire des investissements massifs en IA, ce n’est pas seulement pour notre excellence technologique, mais aussi pour notre énergie peu chère. “Plug, baby, plug” ! »

Un atout stratégique pour positionner l’Europe comme un leader de l’IA éthique et durable.

Conclusion

L’AI Summit 2025 a confirmé que l’IA est au cœur des enjeux économiques, technologiques et politiques. Entre concentration du marché, régulation, accès aux ressources et transformation des métiers, l’Europe doit encore relever de nombreux défis.

Mais une chose est sûre : la dynamique est lancée, et il est temps d'agir pour façonner un futur de l’IA plus équilibré et compétitif. 🚀